hommes, savent aussi rendre plus
douce, plus délicate et
peut-être
je dirai
même plus sensuelle. J'ai eu un très grand goût pour
les tableaux et surtout pour les gravures que la raison
et plus encore le défaut de
fortune ne
m'ont pas permis
de suivre ; mais je n'ai jamais su résister à l'amour de
l'étude, des livres et des fleurs.
Dès l'âge de quatre ans j'aimais l'étude et les fleurs avec
passion. La première ne me laissant que le désir de m'instruire,
préserva les beaux jours de ma jeunesse des écarts si naturels à
cet âge. À l'ambition de profiter des moyens d'instruction que
je devais aux bontés de mon bienfaiteur, tout céda même jusqu'à
l'amour. Dans la force de l'âge, le goût des livres que j'avais
dès ma jeunesse et l'étude eurent tant d'empire sur moi que je
n'étais heureux que quand entouré de mes vieux amis et renfermé
dans mon cabinet, je pouvais dire avec
Heinsius,
Hic vivo
et regno
Note éditoriales n-027 (AdC) : Nicolas Heinsius (1620-1681), érudit et
diplomate hollandais. Cette citation, signifiant « Ici je vis et je
règne », Heinsius l'avait inscrite au-dessus de la porte de sa
bibliothèque.
#n-027 ; et dans la
vieillesse où je n'ai dans la retraite que la richesse de Casaubon
Note éditoriales n-028 (AdC) : Isaac Casaubon (1559-1614), humaniste.
L'expression « richesse de Casaubon » est fréquemment employée à cette
époque dans des écrits de médecins (on la retrouve chez Réveillé-Parise
par exemple dans sa Physiologie et hygiène des hommes livrés aux
travaux de l'esprit, 1834). Cette « richesse » est résumée
dans l'expression latine libros et liberos, des livres et des
enfants.
#n-028, c'est
encore en donnant toutes les heures du jour à l'étude et à la
culture des fleurs que je dois cette paix de l'âme qui fait
oublier la marche du temps.
[…]