cette terrible maladie eut pour moi,
car elle me laissa, quoiqu'en pleine convalescence, dans l’enfance
la plus complète pendant une grande partie de juin et de juillet. Ne sachant si
j'existais, je n'éprouvais d'autre sensation que le besoin de manger
et n'ayant aucun souvenir du passé, je ne savais
plus ni lire, ni écrire, ni calculer ; j'avais même perdu
toute idée d'une mère que j'adorais ; en un mot je n'étais plus
qu'une machine qu'il fallait faire mouvoir, car je n'avais ni l'idée
du mouvement, encore moins du moi, et même à peine
[…]
l'instinct
dont jouissent les animaux.
Ce n'est qu'après environ six semaines de convalescence que par un beau jour de juillet, l'idée de quitter mon fauteuil me vint ; prenant alors un long bâton placé près de moi, au lieu d'aller vers la cour, je m'acheminai du côté de la chambre de ma mère. Mon père s'en étant apperçu [sic.] , me prit aussitôt par le bras, ce n'est point par là qu'il faut aller me dit-il ; c'est dans la cour, il y fait meilleur ; et comme un enfant à la lisière je me laissai conduire.
Études premières, suitesLe lendemain