Peu de jours après cette secousse morale, j'en éprouvai une autre qui
ne fut pas moins grande. Après avoir saisi un livre que mon père
avait laissé sur une table placée à mes côtés, je l'ouvris, je n'y
vis d'abord que du blanc et du noir ; tout y était nouveau pour moi.
En cherchant dans ma tête ce que cela pouvait être, quelques unes
des lettres majuscules me frappèrent et je crus me rappeler de leur
nom ; mais quand je passai au texte, n'y connaissant plus rien, je
me mis à pleurer sans savoir pourquoi. En ce moment, mon père
interprétant la cause de mes larmes, s'approcha de moi et dit :
va mon ami, tout cela n'est rien ; dans peu de tems tu sauras lire, écrire, calculer &c comme autrefois. Je t'aiderai ; comme autrefois dans ton enfance, je
serai ton maître, mais tu es encore trop faible pour
étudier.
En août, 7bre et 8bre, je réappris à lire, à écrire, à calculer, quelques règles de la grammaire française et latine, je fis quelques versions latines, mais mon écriture ne ressemble en rien à celle d'autrefois et n'est auprès de ce qu'elle était qu'un vrai griffonnage.