Fac-similé

Plein écran Télécharger
Transcription

je parle avec feu et j'élève la voix que j'ai naturellement forte et sonore ; mais de la vivacité à la colère, il y a chez moi l'immense différence qu'on remarque entre un ruisseau serpentant paisiblement sur le revers d'une colline et un torrent qui dans sa course furibonde, renverse et entraîne au loin tout ce qui lui offre résistance.(1)(1) Trois fois en ma vie j'ai éprouvé cette terrible passion et la dernière fois ce fut à l'âge de 33 ans, contre un capitaine des grenadiers de la garde du 1er Consul. Ce militaire en me donnant l'ordre de loger ses soldats chez moi, eut, en voyant que je résistais, l'imprudence de porter la main sur la garde de son épée, au moment où il me fit cette menace je devins furieux ; lui enlever son arme, la briser sur le pavé et mettre Mr le Capitaine hors de chez moi fut l'affaire de l'instant. Immédiatement après cette scène dont ma femme, à peine âgée de 18 ans, avait été témoin, effrayée de me voir dans l'état où cet événement m'avait mis, elle me supplia pour ne plus y retomber, d'en fuir les occasions ; je promis, et j'ai su tenir parole.

Alliez si vous pouvez avec cette vivacité une patience longtems éprouvée ; car soit dans les hôpitaux soit dans le monde, auprès d'un malade ou d'une femme dans les angoisses de l'enfantement, je n'ai jamais oublié que patience et douceur font plus que violence Note éditoriales n-032 (AdC) : Tiré de la morale de « Phébus et Borée » (Fables, Livre VI) de La Fontaine : « Encor n'usa-t-il pas de toute sa puissance ; /Plus fait douceur que violence. » #n-032⁠ ; mais si le médecin et surtout celui qui exerce l'art des accouchemens, a besoin d'être l'homme le plus patient et le plus humain, il faut aussi qu'il sache que sa longanimité peut dans nombre de circonstances porter préjudice à la santé et même compromettre la vie des personnes confiées à

Édition scientifique

je parle avec feu et j'élève la voix que j'ai naturellement forte et sonore ; mais de la vivacité à la colère, il y a chez moi l'immense différence qu'on remarque entre un ruisseau serpentant paisiblement sur le revers d'une colline et un torrent qui dans sa course furibonde, renverse et entraîne au loin tout ce qui lui offre résistance.(1) Note éditoriales LCD12 (LCD) : (1) Trois fois en ma vie j'ai éprouvé cette terrible passion et la dernière fois ce fut à l'âge de 33 ans, contre un capitaine des grenadiers de la garde du 1er Consul. Ce militaire en me donnant l'ordre de loger ses soldats chez moi, eut, en voyant que je résistais, l'imprudence de porter la main sur la garde de son épée, au moment où il me fit cette menace je devins furieux ; lui enlever son arme, la briser sur le pavé et mettre Monsieur le Capitaine hors de chez moi fut l'affaire de l'instant. Immédiatement après cette scène dont ma femme, à peine âgée de 18 ans, avait été témoin, effrayée de me voir dans l'état où cet événement m'avait mis, elle me supplia pour ne plus y retomber, d'en fuir les occasions ; je promis, et j'ai su tenir parole. #LCD12⁠

Alliez si vous pouvez avec cette vivacité une patience longtemps éprouvée ; car soit dans les hôpitaux soit dans le monde, auprès d'un malade ou d'une femme dans les angoisses de l'enfantement, je n'ai jamais oublié que patience et douceur font plus que violence Note éditoriales n-032 (AdC) : Tiré de la morale de « Phébus et Borée » (Fables, Livre VI) de La Fontaine : « Encor n'usa-t-il pas de toute sa puissance ; /Plus fait douceur que violence. » #n-032⁠ ; mais si le médecin et surtout celui qui exerce l'art des accouchements, a besoin d'être l'homme le plus patient et le plus humain, il faut aussi qu'il sache que sa longanimité peut dans nombre de circonstances porter préjudice à la santé et même compromettre la vie des personnes confiées à