J'ai toujours eu un laisser aller d'existence que je crois devoir bien moins à une certaine dose de philosophie, comme le pensent un grand nombre de mes confrères et beaucoup d'autres personnes, qu'à une grande insouciance sur l'avenir. Né sans fortune, le souci de devenir riche, ni la crainte de n'avoir pas de quoi vivre ne m'ont jamais tourmenté. Quand on est désintéressé outre mesure, que l'on éprouve de grandes jouissances à donner, que l'on aime les livres et l'étude avec passion, les intérêts pécuniaires ont toujours tort. Aussi n'ai-je senti le besoin de l'économie que quand 1830 vint me destituer et m'enlever tout l'avenir de ma vieillesse. Jusques là, croyant que la Providence ne me comblait de ses dons que pour aider ceux que la Fortune ne favorisait par des siens, j'ai constamment donné beaucoup plus que ne le comportait ma fortune, et seulement dans les